« Jardin, c’est quoi déjà, droite ou gauche ? », « Cour, c’est côté cœur ou côté « Jésus » ? »
Nous avons tous entendu au moins une fois – et tenté de retenir, en vain – ces termes étranges pour désigner les côtés gauche et droite de la scène. Souvent attribués à une tradition ancestrale, ce n’est en fait qu’à la fin du XVIIIe siècle que remonte l’origine de cet usage, initié malgré lui par un certain… Beaumarchais, lors de la création du désormais célèbre Mariage de Figaro en 1784.
Suite à des problèmes de place, les sociétaires de la Comédie Française, répétant le texte, avaient en effet été amenés à déplacer leurs répétitions dans la salle des machines des Tuileries. L’espace donnait à voir aux comédiens (faisant face au fleuve) d’un côté, la cour du Palais, et de l’autre, le jardin des Tuileries, ce qui les a amenés à parler de « côté cour » et « côté jardin » pour désigner leur déplacements.
Née d’un contexte particulier, cette désignation s’est ensuite très vite répandue dans le monde du spectacle, pour son aspect pratique et facilitant le travail en répétition. À l’image des termes « bâbord » et « tribord » en navigation, elle permet en effet et par exemple à un metteur en scène (se trouvant généralement dans le public, face à la scène) de demander à un comédien de se déplacer vers la droite ou vers la gauche, sans avoir à préciser s’il parle de « sa » gauche ou de celle de l’acteur.
Alors, avez-vous retenu de quels côtés étaient la cour et le jardin ?
Pour ne plus jamais les confondre, voici un moyen mnémotechnique : Si vous êtes assis dans le public, regardez la scène et pensez aux célèbres initiales « J.C. » : dans le sens de la lecture, le J(ardin) se trouve à gauche et le C(our) à droite.
Et le tour est joué !