Nombreuses sont les générations dont la célèbre héroïne a marqué l’imaginaire et l’enfance, avec sa célèbre coiffe colorée, son air apeurée face au monde dangereux de la forêt et ses mésaventures. Et pour cause : bien avant d’être l’héroïne de Charles Perrault, Le Petit Chaperon est un conte de tradition orale dont on retrouve des traces jusqu’au XIVe siècle.
D’origine française, il est raconté dans de nombreuses familles paysannes de l’Europe entière, sous différentes versions et présentant, selon les pays, des dénouements variés de l’histoire du célèbre chaperon, de sa grand-mère, et du loup.
Dans une version française, par exemple – des plus sanglantes – le loup invite la petite fille à déguster un plat préparé avec la chair de sa grand-mère.
Dans une autre version, italienne, la petite fille l’emporte sur le loup grâce à sa propre réflexion.
On retrouve toutefois, quel que soit le dénouement proposé entre le trio, le thème central de la dissimulation et de la ruse.
Illustration de Jessie Willcox Smith, 1911.
Perrault et les frères Grimm : la version moraliste
L’histoire populaire du conte prend un tournant au XVIIe siècle avec sa retranscription par des auteurs moralistes, dont la plus ancienne est celle de Charles Perrault, parue en 1697 dans Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités. L’héroïne y est présentée comme une jeune fille bien élevée, jolie, portant un petit chapeau féminin, marqueur de ses origines bourgeoises – exprimant le désir de la famille de protagonistes de se distinguer socialement du reste du village – tout en étant marqueur du folklore populaire.
Sans appel, la version de Perrault s’achève sur la victoire du loup, qui dévore la grand-mère, puis la petite-fille qui a couru à sa perte tout le long du conte en donnant, sans le vouloir, au prédateur les indications dont il avait besoin.
Une autre version, des plus répandues, est proposée par les frères Jacob et Wilhelm Grimm en 1857 : après avoir été dévorées par le loup, la fillette et sa grand-mère y sont finalement sauvées par un chasseur qui ouvre le ventre de l’animal.
Ces deux versions, les plus célèbres, ont été la source de nombreux débats tant littéraires que sociologiques ou psychanalytiques quant à leur représentation de l’opposition des principes de plaisir – incarnées par les figures féminines et symbolisé par la couleur rouge – et de réalité, dangereuse, face à laquelle la morale et la foi devait être une préservation.
Détournement et retour aux sources
Depuis la version de Perrault, qui l’a rendue célèbre, l’histoire du Petit Chaperon rouge a été l’objet d’un grand nombre d’adaptations dans des livres, films ou encore dessins animés, donnant lieu à des détournements, à la fois marqueurs de leurs époques respectives et d’un désir de retour aux sources médiévales du conte.
L'un des plus célèbres est celui réalisé par Tex Avery dans Red Hot Riding Hood en 1943, présentant le Loup en prédateur sexuel, et le Petit Chaperon rouge travaillant dans un « night club » d'Hollywood. D’autres adaptations, plus récentes, comme le thriller Hard candy en 2005, marquent le désir de se rapprocher de la violence psychologique de l’histoire originelle.
Le Chaperon rouge, film publicitaire alliant mystère, humour et séduction, réalisé par Luc Besson en 1998 pour le No 5 de Chanel. Le Chaperon rouge, film publicitaire alliant mystère, humour et séduction, réalisé par Luc Besson en 1998 pour le No 5 de Chanel.
Une version en scène et en folies !
Là réside, justement, la force des histoires populaires ayant marqué l’histoire et à même de devenir, selon les époques et les artistes, le support de créativités nouvelles, de messages différents.
C’est ce qui fut la source d’inspiration de la chorégraphe et metteur en scène canadienne Léon ; créatrice du spectacle musical La folle histoire du Petit Chaperon rouge. « C’est à mon sens le conte idéal pour s’amuser en détournant les codes de cette histoire qui a bercée notre enfance à tous. » explique-t-elle.
Dans cette version moderne et déjantée, plus question pour le Chaperon de se faire berner par le loup : elle devient une héroïne au caractère bien trempé, prête à en découdre avec les personnages qu’elle rencontre, toujours plus surprenants et loufoques, tous « détournés » avec intelligence et drôlerie.
Le méchant chasseur devient un bûcheron peureux, le loup un dandy des années cinquante, la grand-mère une artiste…, même la forêt prend vie de manière étonnante.
En couleurs et musiques
Portée par une équipe artistique de talent – Pascal Joseph à l’adaptation et la composition, aux côtés de Nicolas Giraud – c’est en musique que prend vie, sur scène, l’univers fou de cette aventure, endiablés aux accents disco, blues, folk, zouk, rap, country... apportant une modernité bienvenue à cette histoire ancestrale et donc intemporelle. En scène : une troupe à l’enthousiasme communicatif, et la rencontre de comédiens aux multiples talents, qui jouent, dansent, chantent, et nous entraînent, sans peine, dans un spectacle aussi drôle que magique. Un mélange parfait de réconfort et de surprises !
« Il fallait naturellement une morale à notre Folle histoire du Petit Chaperon rouge : toujours surmonter ses peurs et affirmer ce que nous sommes vraiment, et ce, quel que soit son âge ! », conclue la metteure en scène.
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La folle histoire du Petit Chaperon rouge
Comédie musicale, à partir de 5 ans
En raison du contexte sanitaire, la représentation n’a pu avoir lieu à la date initialement prévue.
Les conditions et dates de report sont à suivre sur le site de la Maison des Arts.