Les mots de la musique #2

Pourquoi dit-on « faire un bœuf » ?

L’équipe des studios du Pôle Musiques Actuelles vous propose de découvrir le monde de la musique et son vocabulaire un peu particulier avec la série « Les mots de la musique ». Aujourd’hui, découvrez l’origine d’une expression bien connue des musiciens, « faire un bœuf », en hommage à un célèbre restaurant parisien…


    Elle est pratiquée  couramment par les musiciens de jazz, rock, hip-hop, salsa, ou encore de rock du monde entier, cette fameuse séance au cours de laquelle des musiciens se réunissent pour jouer ensemble, à plusieurs instruments et de façon improvisée.

    Désignée en anglais par l’expression jam session (faisant référence à un embouteillage) ou descarga en espagnol (« décharge ») ; en français, on parle plutôt de « faire le bœuf », voire « taper le bœuf », ou encore de « bœuffer » : curieuse exception animalière qui doit en fait sa parenté à un célèbre cabaret et haut-lieu de la vie parisienne du début du XXe siècle : Le Bœuf sur le toît.

     

    Situé dans le 8e arrondissement de Paris, le restaurant doit lui-même son nom au ballet-comédie composé par Darius Milhaud pour le célèbre groupe musical « Les Six » animé par Jean Cocteau, et régulièrement interprété au bar La Gaya, dont il fait le succès.

    À tel point que lorsque son propriétaire, Louis Moysès, changea d’emplacement son établissement en 1921, il le rebaptisa Le Bœuf sur le toît. Celui-ci connaît, dès son ouverture, un succès immédiat, pour devenir rapidement le centre de la société de cabarets de la capitale. Lieu de rassemblement de  Cocteau et des musiciens proches des « Six », Le Bœuf sur le toît voit débuter notamment Léo Ferré, Marcel Mouloudji, Charles Trenet ou encore les Frères Jacques, et attire les artistes de tous genres, comme Picasso, Diaghilev, René Clair et Maurice Chevalier.

    Mais c’est avant tout la musique qui fait la réputation de l’établissement : du classique au jazz, aux chansons américaines, les musiciens parisiens s’y retrouvent régulièrement pour pratiquer en fin de soirée de longues jam sessions, qu'ils finirent par désigner par l'expression… « faire un bœuf » !
     

     

    Juste pour le plaisir ?

    Loin d’être un simple phénomène de fin de soirée, quand « la guitare démange », le « bœuf » ou « jam » prend la forme d’une séance de travail et d’apprentissage pour les artistes, où l’improvisation prend place au sein d’un cadre.

    Pour les musiciens de jazz, par exemple, elle est basée sur des standards, auxquels peuvent venir s’ajouter de nouveaux instruments.

    La pratique des jam sessions s’étend également au-delà de la musique, comme dans le monde de la danse – swing, hip-hop, folk – ou encore des sports de glisse – notamment dans la pratique « freestyle » du skateboard ou des sports de neige.

     

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