Découvrez les lauréats !

Encore une fois cette année, la Dictée du Plessis-Robinson a rassemblé un très grand nombre de personnes, toutes générations confondues. Une belle réussite, et une belle preuve que la langue française est un facteur de lien social important.

Les lauréats de la Dictée du Plessis-Robinson 2018

Quelques 180 personnes s'étaient inscrites pour défier une nouvelle fois la langue française et affronter les pièges tendus par Marion Defaut. L'ambiance était une nouvelle fois conviviale et décontractée, preuve que cet exercice n'est pas nécessairement vu comme une épreuve ringarde et ennuyeuse. Les participants sont tous repartis avec le sourire, malgré une dictée plutôt ardue.

Bravo aux lauréats ! Ils ont eu l'honneur de se voir remettre leurs prix des mains de Bernard Pivot, aux côtés de Guy Peignelin, représentant du Lions Club, de Béatrice Robin, adjointe au Maire déléguée à la Culture et au Patrimoine, et Martine Orlando, conseiller municipal chargé de mission au Patrimoine.

Les lauréats dans les différentes catégories sont :

 - Catégorie Benjamins :

Clarisse Licchesi, née le 21 /10/2007 (10 ans et demi), scolarisée à l’école Joliot-Curie, en CM2 dans la classe de Mme Brebant, avec seulement 3 fautes .

- Catégorie Cadets :

Cristina Muller, née le 21/10/2003 , scolarisée au collège Romain Rolland en 3ème 4 avec Mme Le Minh Dau, avec 12 fautes.

- Catégories Séniors :

Gérard Glotin, né le 27/02/1957, avec 4 fautes.

 

 

 

Dictée corrigée

Pour celles et ceux qui n’ont pu se procurer la correction, voici ce qu’il fallait écrire.

Les trois coups de l’allégresse (acte II 1)

En ce soir de spectacle, place Jane-Rhodes2, chacun serpente parmi ses congénères, polissant de ses semelles ce matériau de Carrare3 qui orne la Maison des Arts4. Il faut se faufiler sous les arches et les balustres illuminés5 pour atteindre, dans la salle des pas de velours6, les fauteuils rouge écarlate7. L’atmosphère bruisse8 de murmures, lorsque des connaissances s’entr’aperçoivent9. On consulte goulûment10 les réseaux (pas sociaux pour un sou) puis, l’appendice11 numérique dûment12 éteint, on ressasse13 encore qui sa semaine harassante14, qui un psychodrame15 bureautique à désamorcer16.

Soudain trois coups résonnent : le temps suspend son vol.

Fin pour les benjamins

Sur scène, des coulisses contiguës17 émergent18 une Niçoise19 héroïne20 de saynètes21 truculentes, d’envoûtants22 artistes de folklore arménien23, des circassiens24 touche-à-tout25, des Moscovites26 en demi-pointes27 aux entrechats28 virtuoses... Les feux de la rampe éclairent à l’envi29 un hypocondriaque échappé d’un des chefsd’oeuvre30 de Molière (ce joaillier31 de la satire32), puis une cocotte excentrique33 et ses suivants sapés comme des milords34, un choeur35 d’ici féru de passions36 et de requiem37

Fin pour les cadets

Dans le noir revenu, une seconde d’éternité. Et tout à coup38, notre joie sans pareille39 envahit l’acoustique40. Nos applaudissements, d’abord succincts41, enflent, prennent de l’embonpoint42, et bientôt s’harmonisent en des vivats43 dithyrambiques44. Dans cette transcendance de l’instant, les émotions que nous avons partagées45 ont dessiné46 des sourires sur nos quatre cents47 et quelques48 visages. Ensemble, extatiques49, prions pour qu’au théâtre50 de l’Allegria51 perdure ce message shakespearien : « nous sommes faits de l’étoffe des rêves52 ».

Fin pour les seniors

Marion Defaut

Corrigé de la dictée

1. (acte II) : parce que les CM2 ont déjà eu droit à l’acte I ! « acte 2 » accepté également

2. Jane-Rhodes : célèbre cantatrice qui passa son enfance au Plessis-Robinson (rem : le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale précise que le trait d’union est nécessaire. Cependant, cet usage se perdant même dans

certaines administrations, aucune faute ne sera comptée)

3. Carrare : ville de Toscane réputée pour ses carrières de marbre

4. Maison des Arts : penser aux majuscules, c’est un nom de lieu

5. les arches et les balustres illuminés : « balustre » est masculin, donc « illuminés » également

6. la salle des pas de velours : bien différente de la salle des pas perdus !

7. les fauteuils rouge écarlate : la couleur est exprimée par deux adjectifs, donc sont invariables (même si « écarlate », utilisé seul, s’accorde – exception d’exception…)

8. bruisse : le verbe « bruisser », longtemps considéré comme un barbarisme, est désormais accepté comme remplaçant « bruire », trop irrégulier et défectif

9. s’entr’aperçoivent : « entraperçoivent » accepté également,

même cette forme est moins amusante. Attention à la cédille, indispensable, elle !

10. goulûment : attention à l’accent circonflexe

11. appendice : penser à « appendicite » !

12. dûment : voir goulûment

13. ressasser : deux fois deux « s »

14. harassante : un seul « r » et deux « s »

15. psychodrame : et non pas « psycho-drame »

16. désamorcer : ici pas besoin de cédille

17. coulisses contiguës : « coulisse » est féminin, « contigu » prend donc un « e », qui porte le tréma, comme « aiguë », « ambiguë », « exiguë »… (cf. toutes les dictées précédentes)

18. émergent : au pluriel, accord avec les sujets (énumération) placés après le verbe

19. Niçoise : les gentilés (noms et adjectifs d’habitants ou de peuples) prennent une majuscule s’il s’agit de noms (une Niçoise), mais une minuscule s’il s’agit d’adjectifs (une femme niçoise)

20. héroïne : ne pas oublier le tréma sur le « i »

21. saynètes : à ne pas confondre avec « scène ». Ces deux mots n’ont aucun rapport étymologique : « saynète » est issu de l’espagnol sainete (« petit morceau »), alors que « scène » est issu du latin scena ou du grec skênê (« tente »)

22. envoûtants : attention à l’accent circonflexe

23. arménien : on acceptera aussi le pluriel, considérant qu’on peut l’accorder avec « artistes »

24. circassiens : au sens de «artistes de cirque», dont l’usage est récent et avant tout médiatique

25. touche-à-tout : penser aux deux traits d’union. Invariable

26. Moscovites : cf. Niçoise

27. demi-pointes : « demi » placé avant un nom (et avec un trait d’union) est invariable.

28. entrechats : en un seul mot

29. à l’envi : attention, pas de « e » dans cette locution adverbiale !

30. chefs-d’oeuvre : attention au trait d’union, à l’apostrophe, à la

ligature (« e dans l’o »), et à l’absence de « s » à « oeuvre » !

31. joaillier : attention au « i » après « ill », comme dans « groseillier », « quincaillier », « serpillière »… (!)

32. satire : ne pas confondre avec « satyre », demi-dieu rustique mi-homme mi-bouc

33. excentrique : ne pas oublier le « c » après le « x »

34. sapés comme des milords : cf. 100 expressions à sauver, Bernard Pivot, Albin Michel, 2008. Médiathèque Jean d’Ormesson, Pôle LANGUES, cote : 413 PIV

35. choeur : ne pas confondre avec « coeur », penser à la ligature

36. passion : au sens de composition musicale inspirée de la passion du Christ (ex. les passions de Bach)

37. requiem : invariable

38. tout à coup : sans traits d’union

39. sans pareille : locution adjectivale, donc s’accorde avec « joie »

40. acoustique : avec un seul « c » (comme « écouter »)

41. succincts : avec deux « c » (plutôt qu’un « x »), et un

troisième, muet, à la fin !

42. embonpoint : exception à la règle du « m » devant le « p » (mais pas devant le « b » !)

43. vivats : avec un « t »

44. dithyrambiques : attention au -thy-… et au « m » devant le « b »

45. partagées : accord avec le COD placé avant (« les émotions »)

46. dessiné : le COD est placé après (« des sourires »), donc invariable

47. quatre cents : « cent » s’accorde lorsqu’il est multiplié (mais perd le « s » quand il est suivi d’un autre adjectif numéral, ex. « deux cent cinquante »)

48. et quelques : après un numéral, on accorde logiquement comme un adjectif. Mais on peut aussi considérer « quelque » comme un adverbe, équivalent de « environ » ex. « ils ont vécu quelque vingt ans ensemble ». Pas de faute comptée.

49. Ensemble, extatiques : attention, « ensemble » est un adverbe donc reste invariable, alors que « extatique » est un adjectif, et s’accorde avec le « nous » sous-entendu de l’impératif « prions »

50. théâtre : attention à l’accent circonflexe

51. Allegria : sans accent car c’est un mot italien (au contraire de « allégresse »)

52. « nous sommes faits de l’étoffe des rêves » : La Tempête, acte IV scène 1, William Shakespeare

Recommandations :

- références utilisées : Dictionnaire étymologique & historique du

français, Larousse 2007 ; Encyclopédie Larousse en ligne ; La

conjugaison française, coll. Littré Conjugaison, Roland Eluerd,

Garnier 2009 ;

- ce corrigé ne tient pas compte de la réforme du Conseil supérieur

de la langue française de 1990 ;

- les noms propres ne sont pas épelés (culture générale).

Téléchargez le corrigé