Coupable, avec Richard Anconina

Après une remarquable carrière dans le cinéma, c’est votre premier rôle au théâtre. Est-ce un hasard ?

Ça peut paraître étonnant, mais je suis quelqu’un d’introverti, je ne parle pas fort, je ne fais pas remarquer. Le théâtre me semblait aller à l’encontre de ma personnalité : il faut parler devant des gens, parler fort… Ce n’était pas fait pour moi. Tout le monde le savait, d’ailleurs. Depuis quarante ans, je disais que je ne ferais pas de théâtre, donc on ne m’en proposait pas. Mais un jour, Richard Caillat, le producteur du spectacle m’a dit : « je voudrais quand même que tu lises ça ».  C’était le texte de Coupable.

Pourquoi avoir accepté de participer à la création de ce spectacle ?

Quand j’ai lu la pièce, je me suis dit : cette pièce-là, il n’est pas question de dire non, c’est impossible. D’abord, il y avait la force, le réalisme de cette intrigue, une écriture très « cinéma » et surtout l’humanité de ce personnage, qui me touchait. Pascal, mon personnage, est un flic qui, suite à une faute, se retrouve « au placard » c’est-à-dire au bas de la chaîne, au centre d’appel d’urgence de Police secours et la pièce nous fait passer 1h25 avec cet homme, en temps réel, juste avant son passage en commission disciplinaire. Il s’agissait donc de retranscrire, au plus près, son état d’esprit. C’est ce que je défends, depuis le début, dans l’interprétation de mes personnages, c’est leur humanité.

Votre personnage est en scène du début à la fin. Comment vous êtes-vous préparé à ce défi ?

Le premier défi, c’était d’apprendre 1h25 de texte par cœur. J’ai commencé par le travailler, pendant trois mois. Quand j’ai commencé les répétitions sur le plateau, je n’avais pas de texte à la main. Ce premier travail m’a permis de me familiariser avec le personnage en profondeur et de proposer, dès les premières lectures, une interprétation qui s’est révélée très proche du résultat final.

Pour autant, il ne s’agit pas d’un seul en scène…

En effet, le personnage interprété par Gaëlle Voukissa, moins présent mais très important, intervient à plusieurs reprises. Elle permet de mettre en lumière le contexte et de représenter l’autorité de la hiérarchie, ce dans quoi elle est formidable. C’est un vrai plaisir de jouer avec elle, depuis un an et demi.

Qu’est-ce qui fait selon vous la particularité de ce spectacle ?

Tant par l’écriture que par la mise en scène, l’immersion est incroyable. Les gens sont avec moi, que ce soit dans une salle de 300 ou 1000 places, ils ont pratiquement l’impression d’être devant un écran de télévision. Tout est très réaliste, d’abord parce que mon code de jeu n’est pas du tout théâtral, et la mise en scène de Jérémie Lippmann est d’une très grande précision et nous saisit du début à la fin. Depuis 190 représentations, c’est la même sensation : celle de vivre une apnée collective, du début à la fin. D’ailleurs, chaque soir, c’est frappant : il n’y a pas un bruit dans la salle !